AU GAEC DE KERGUIVARECH
LE CHOIX DU PÉDILUVE AUTOMATIQUE
L’utilisation d’un pédiluve s’avère efficace dans le traitement des boiteries et notamment pour soigner la maladie de Mortellaro. Sa mise en oeuvre reste complexe sur le long terme. Aussi, les associés du Gaec de Kerguivarech ont misé sur une version automatisée.
La satisfaction est au rendez-vous et les résultats aussi.
En cette mi-août, tout roule au Gaec de Kerguivarech. Les éleveurs préparent leur départ en vacances. Une semaine bien méritée ! Seule ombre au tableau, la météo bretonne capricieuse perturbe la fin de moisson et le pressage de la paille. La pousse de l’herbe est au rendez-vous et les maïs sont pour l’instant resplendissants. Récemment, cette exploitation est passée au robot de traite et cela n’a pas été aussi simple qu’escompté. « Nous avons dû surmonter un passage de pollutions électromagnétiques au sein de la tabulation, souligne Patrick Huiban. Des courants parasites ont pénalisé la fréquentation du robot et des abreuvoirs. La production laitière a chuté en raison d’une mauvaise prise de terre. C’est en creusant une tranchée de 30 m de long pour éloigner notre prise de terre du bâtiment que nous avons réglé nos problèmes ». La production avait chuté sous les 30 kg/VL/jour. Des problèmes de boiterie ont ensi freiné la remontée de la production qui a longtemps plafonné à 36 kg. Aujourd’hui, nous sommes à 38 kg et le lait affiche des taux de 41 à 42 g/kg pour le TB (1) et de 32 à 33 g/kg pour le TP(2). « L’installation de pédiluves automatiques à la sortie des robots nous a permis de maîtriser les problèmes de Mortellaro».
En chiffres
LE GAEC DE KERGUIVARECH [MORBIHAN)
– deux associés (Patrick et Émilie Huiban), un salarié et deux apprentis
– une SAU (1) de 190 ha
– une production de 1,9 million de litres de lait
– 185 vaches à la traite
– 3 robots de traite Lely
(1) SAU : surface agricole utile
Un pédiluve entièrement automatisé
Un pédiluve a été installé au niveau de chaque robot de traite. Le remplissage à l’aide d’une solution de traitement, et de nettoyage de ces équipements sont automatisés. Par défaut, tous les 100 passages, le pédiluve se vide nettoie et se recharge en solution. Le Gaec de Kerguivarech compte deux pédiluves de 120 cm et un de 150cm. Leur profondeur de 17 cm permet un trempage intégral des pieds. «Les tréponèmes, bactéries responsables de la maladie de Mortellaro, se retrouvent souvent à l’avant du pied et en hauteur. Cela explique pourquoi encepteurs britanniques du pédiluve portent une attention particulière à la profondeur de leur équipement. Pour être efficace, le traitement doit être appliqué au moins six fosi par jour, des pédiluves de 150 cm suffisent. Dans les salles de traite classique, l faut installer des pédiluves de 300 à 370 cm de long pour que les pattes soient bien immergées six fois par jour», explique François Derot, gérant de la société Agro-Concepts, importateur exlusif de la marque HoofCount en France. Les systèmes automatisés de lavage des pieds à buses ne permettent pas de soigner la patte jusqu’au pâturon, zone où l’on retrouve des tréponèmes. Dans le cas de ce pédiluve HoofCount, l’éleveur peut choisir entre deux solutions : l’une à base de sulfates de cuivre, d’aluminium, de zinc et de formol, l’autre dans laquelle le glutaraldéhyde remplace le formol. La version à base de formol reste moins onéreuse. L’installation coûte entre 9 000 et 11 000 €. L’éleveur doit prévoir les branchements : eau, électricité et air comprimé. Les opérations de vidange sont entièrement programmables. L’éleveur garde la possibilité d’effectuer une vidange manuelle en appuyant sur un bouton. « Un mois après l’installation, nous avions repris un litre de lait. Depuis, nous avons encore regagné un autre litre. Nos vaches ne boitent plus. Elles s’alimentent mieux, se désaltèrent également plus facilement. À la clé, cela se traduit par une hausse de production. Sans oublier que nous n’avons presque plus de vaches en retard. Aujourd’hui, il faut forcer le passage au robot pour trois ou quatre vaches contre 15 auparavant », souligne Émilie Huiban. Les éleveurs passent le racleur à corde toutes les deux heures. lis possèdent également des aspirateurs à lisier pour les zones moins rectilignes. Une fois la maladie de Mortellaro maîtrisée, le dosage du produit peut être divisé par quatre (à raisonner au cas par cas). « Nous avions choisi la traite robotisée pour nous soulager d’une astreinte quotidienne. L’automatisation du pédiluve répond à cette même logique», explique l’éleveuse morbihannaise. « En moyenne, au bout de quatre à huit semaines, cette technique de traitement des pieds permet de contrôler le niveau de Mortellaro à des seuils compris entre 2 et 3 %. C’est ce qui est constaté aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou dans la trentaine d’élevages français que nous avons équipés », conclut François Derot.
ERWAN LEDUC
Editions COMEDPRO – www.grands-troupeaux-mag.fr
(1) TB : taux butyreux
(2) TP: taux protéique
En chiffres
LE GAEC DE KERGUIVARECH [MORBIHAN)
– deux associés (Patrick et Émilie Huiban), un salarié et deux apprentis
– une SAU (1) de 190 ha
– une production de 1,9 million de litres de lait
– 185 vaches à la traite
– 3 robots de traite Lely
(1) SAU : surface agricole utile